Mon second (*) néologisme : folksodidacte, folksodidaxie.
Ebauche de définition : Gestion des connaissances hors des institutions traditionnelles du « savoir »
Exemple : wikipedia
J’ai construit le mot sur le même principe que « folksonomie » (qui est l’indexation « personnelle »). Ce qui est bien dans la racine « folk » c’est qu’elle ne suppose pas que le « personnel » est un individu isolé, et qu’elle le pense donc en réseau dans une communauté.
Facebook permet l’échange mais sur de l’instantané, un flux « jetable ». Pour Régis Debray, transmettre, c’est « extraire un stock d’un flux », en faisant passer l’insignifiant dans le domaine du sens, par le biais de la collection – culturelle.
Parrês-IA propose pour cela de mettre les outils du web et de l’IA au service de l’échange entre individus dans l’espace public, avec :
– Taxis (*) : Une structuration des thématiques culturelles facilitant les échanges et le partage
– Hypomnemata : un espace d’énonciation personnelle, avec de multiples points d’entrée
– Agora : un espace d’échanges, avec des mini forums ciblés et régulés
– L’aiguilleur : un moteur de recherche et de rencontres
– L’agenda : la promotion de thématiques d’engagement par des « passeurs » (chercheurs, personnalités médiatiques)
A terme, Parrês-IA couplerait la facilité d’échange de Facebook avec une gestion de la connaissance proche de celle de wikipedia, mais au service d’une pensée « en mouvement », non établie, laissant donc à chaque individu la possibilité d’apporter sa pierre à une construction collective en perpétuel mouvement. Dit autrement : le wikipedia du « work in progress ».
Comme j’entends régulièrement des amis qui s’enquièrent de ma santé mentale – et je les en remercie – au motif de ma propension à converser avec moi-même sous mes posts Facebook, je commence par les rassurer : oui, je suis bien cintré, et ça continuerait même si je ne postais pas sur Facebook – d’ailleurs, ça date de bien avant les réseaux sociaux.
[Citation d’Ars Industrialis : Michel Foucault, réfléchissant aux hypomnemata, compris comme supports de mémoire, les pensait comme écriture de soi, comme une modalité de constitution de soi. Sans ces hypomnemata, le risque est grand de sombrer dans l’agitation de l’esprit, c’est à dire dans une instabilité de l’attention, qui empêche l’esprit de se constituer en propre. C’est ce que nous retrouvons dans le zapping d’aujourd’hui. « L’écriture des hypomnemata, écrit Foucault, s’oppose à cet éparpillement en fixant des éléments acquis et en constituant en quelque sorte “du passé’’, vers lequel il est toujours possible de faire retour et retraite »]
Je pense en la matière que le premier besoin de l’humain du XXIème siècle est de retourner à l’hypomnemata (qu’il prenne la forme d’un Powerpoint, d’un mémo Notes, d’un message FB pour soi-même ou d’un Post-It) pour prendre le temps de consigner ses propres réflexions par écrit, de se relire, avant de jouer au ping-pong avec autrui (ce point figure dans mon mémoire de recherche). Dans un « Remède à la Mélancolie », Pierre Gagnaire évoque la magie de la gomme pour effacer les scories de son propre esprit quand il élabore une recette. Ca manque à l’oral et même dans un tchat internet. Souvenons-en.
(n.m.) Tendance impensée à ajouter « Quand même » à tout bout de champ, laissant supposer implicitement que tout ce qu’on réussit l’est « malgré tout » dans une époque, un contexte, une entreprise, une météo, une société… qui pourtant n’y est pas propice. C’est donc une variante de l’aujourdhuisme, dont la mise en abyme oblige à s’interroger sur le caractère réellement nouveau du quand-mêmisme. Même si une première analyse de la littérature du XIXème siècle semble indiquer une très faible occurrence de l’expression. Work in progress, donc.
Citations : « La philosophie est donc l’amour de la vie quand même » (Clément Rosset) « Aimer (quand même) le XXIe siècle » : titre de livre de Jean-Louis Servan-Schreiber (2012)
NB1 : le « quand-mêmisme » n’est pas concerné par l’utilisation originelle et valide de l’expression (c’est-à-dire pour exprimer une opposition sans sous-entendu implicitement pessimiste), par exemple dans « La France va mal, mais je l’aime quand même » (chanson de La Fouine).
NB2 : il existe une autre utilisation, plutôt populaire, du « quand même », dont dérive le quand-mêmisme : c’est l’expression d’un paradoxe. Par exemple dans « Il y a quand même moins d’étrangers que de racistes en France » (Coluche) ou « J’ai l’impression que les hommes politiques, c’est quand même pas des gens comme nous. » (Michel Houellebecq)
Je viens d’effectuer une petite recherche Google autour des termes « aujourd’huisme », « todayism » et « oggidisme ». Rien de très convaincant et en tout cas susceptible de consensus digne d’une wikipédiation.
A défaut de pouvoir déposer le terme à un INPI sémantique, j’en propose une définition autant personnelle que prospective. J’attends vos commentaires et suggestions…
L’aujourd’huisme, c’est le procédé rhétorique consistant à précéder une critique sociale par le terme « Aujourd’hui » (ou toute variante de type « de nos jours » ou de l’exécré – injustement, selon moi – « Au jour d’aujourd’hui »…), laissant ainsi entendre que « c’était mieux avant » (cf. le remarquable et drolatique livre homonyme de Michel Serres) et que « tout fout le camp ». Le « -isme » désigne donc un biais, comme dans « strabisme » ou « laxisme », plutôt qu’une idéologie, comme dans « communisme ».
Ce que l’aujourd’huisme n’est pas :
1) le modernisme : c’est même un peu son contraire
2) encore moins le présentisme !
3) la conscience de l’instant présent, au sens de la méditation par exemple, ou de l’image de Winnie et Porcelet qui illustre ce post.
Citations : – « Il n’y a plus de famille aujourd’hui, il n’y a plus que des individus. » (Balzac, Mémoires de deux jeunes mariées, 1841).
– « C’est tout au plus si la volaille, à l’heure d’aujourd’hui, me paye le feu de ma cheminée. » (A. France, La Rôtisserie de la Reine Pédauque, 1893).