
Dans ma rubrique #innologisme, j’introduis cette proposition par la sentence de Camus : « Mal nommer les choses, c’est ajouter à la misère du monde » (*1)
Car elle ne s’applique rarement aussi bien qu’à cette tare que nous partageons presque tous (*2) : le mésusage du vocabulaire psy pour désigner des problèmes de la vie courante, voire insulter ou moquer nos congénères.
On a commencé, enfants, en traitant nos copains de « mongolitos », de « débiles », puis, plus raffiné mais aussi problématique, « d’autistes ».
Mais s’il ne s’agissait que d’usage « trivial »… La presse et les essais scientifiques regorgent d’usages inappropriés des termes « schizophrénie » (pour tout un tas de problèmes allant de la polysémie aux personnalités multiples en passant par le simple changement d’avis – pourtant réputé ne pas être réservé qu’aux imbéciles), « bipolarité » (pour une simple cyclothymie), « autisme» (quand un pouvoir est déconnecté du peuple), etc.
Je propose donc les termes suivants :
– misnomie (proche de l’anglais « misname ») pour tout mésusage d’un terme – à par-t la poésie, qui bénéficie de la licence du même nom
– mispsynomie, pour le registre psychologique/psychiatrique de telles misnomies
Quelques sources :
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2024/02/06/supprimons-le-mot-schizophrenie-un-terme-stigmatisant-et-un-diagnostic-discute_6215047_1650684.html
https://tapsychophobiemenvahit.wordpress.com/2019/10/29/nemployez-pas-ces-mots-hors-contexte-cest-psychophobe/
(*1) citation de Camus qui mérite à elle seule une nouvelle entrée d’innologisme que j’appellerai peut-être le « tartalacrémisme » 😉
(*2) je m’auto-inclus car j’ai commencé à m’interroger sur cette pratique il y a une dizaine d’années seulement
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