« Manifesto »

L’idée de ce document de deux pages (plus deux pages d’annexes) est, qu’à la manière d’une carte de visite, on puisse, lors d’une rencontre, transmettre de manière succincte ce qui nous résume, et, ainsi, créer les conditions préalables pour établir un échange, un espace de discussion.

C’est un élément pour contribuer, entre autres, à une nouvelle « nétiquette » des réseaux sociaux. L’avis de tout lecteur intéressé est bien entendu (ardemment) le bienvenu !

https://tendancepositive.com/wp-content/uploads/2021/11/2021-11-06-manifesto-version-courte.pdf

Ci-dessous, la version HTML (un peu moins lisible ?) :

PRINCIPES GENERAUX

Notre place dans l’univers

Chaque individu occupe une place parmi d’autres dans la nature, entre l’infiniment grand et l’infiniment petit. Il n’est pas un tout défini, mais une enveloppe corporelle avec sa durée propre, éphémère dans un univers de temporalité infiniment plus grande. La vie sur Terre est un accident heureux et fragile.

La culture

Ce qui différencie Sapiens est la culture, qui « flotte » autour de nous, et s’enrichit de multiples contributions. Chaque humain en porte et retransmet une partie mais son support principal est stocké dans des objets matériels. Elle est constituée de connaissances (sciences), d’arts, de récits, réels ou fictifs. Elle peut être « la meilleure et la pire des choses » (Esope) : surmonter les accidents de la nature, réunir les humains, mais aussi tuer, détruire, véhiculer des croyances, justifier des rapports de domination.

Le hasard et l’absurde

La nature et l’humanité n’ont pas de finalité prédéfinie. La nature est gouvernée par le hasard, l’humain, qui en fait partie, aussi. Mais la culture permet de dépasser en partie le hasard. Accepter le rôle du hasard c’est accepter l’absurde (ou le destin ?), et ne pas avoir besoin que la vie ait un sens pour être capable de lui donner, volontairement, une direction que l’on choisit et que l’on réévalue en permanence. Il faut sacrifier l’illusion de battre un jour le hasard, pour se contenter de le contourner furtivement[1].

L’apprentissage par l’erreur

« Les faits sont les faits ». L’humain est une espèce en perpétuel apprentissage, il commet donc toutes les erreurs possibles. Acceptons-le sans nous flageller. Un humain seul est stupide, la culture – et sa transmission – le rend capable de grandes choses[2] (et encore, seule une infime minorité en est capable). La connerie humaine est une réalité à assumer avec bienveillance. Mais attention au syndrome de la fusée Shadok : réitérer infiniment la même erreur sans en tirer les leçons.

La société et les institutions

Le rôle de la société[3] est de protéger le monde (aussi bien les humains que la nature) de la violence, de la domination, et de l’appropriation, et de gérer les ressources, matérielles comme culturelles. Pour cela, elle organise une machinerie complexe de règles, de gestion des connaissances, basée sur des institutions[4] et une division du travail, avec ses deux filles maudites, mais incontournables : la politique et l’économie.

Rôle des sciences humaines et sociales et de l’étude des comportements

De même que la nature a ses lois, la société a ses règles. Si la nature est essentiellement déterministe (sciences dures) avec des composantes probabilistes (médecine, génétique), la société répond à des déterminismes statistiques[5], d’une très grande complexité. Les théories sociales et comportementales sont une matière en constante évolution[6], basée sur l’observation, l’expérimentation, donc l’erreur.

Diversité et expérimentation

7 milliards d’humains. Différents[7]. Ne jamais croire universel son propre mode de pensée. Etre ouvert aux expériences, ce qui nécessite une société (fédérative[8] ?) maillant des structures autonomes mais en coopération, et des mécanismes d’évaluation, de comparaison, et de débat.

Corollaire 1 : il y a des indécidables liés à la diversité et à la complexité humaine. Ex : voile, prostitution, véganisme, chasse, malthusianisme, euthanasie, parole de la victime, femmes de ménage, avoir des enfants, allaitement, politiquement correct, hygiénisme, drogues, suicide, prison, polyamour… Ne pas voir qu’il existe des indécidables et se ruer sur eux dans des polémiques comme le taureau sur une muleta peut finir par rendre fou.[9]

Corollaire 2 : compétition entre les idéologies morales « on devrait faire ça… » (normativité) et le pragmatisme sociologique[10] « les humains se comportent comme si… » (positivisme). Ce sont des temporalités différentes : on peut tendre vers un idéal à long terme, mais les comportements réels ont une inertie pesant sur le court terme, et ce sera toujours un sujet de débat. Cas-type : le féminisme[11].

MODALITES COLLECTIVES

Ethique du care

D’après Darwin[12], ce qui distingue les humains des autres espèces vivantes est la protection des plus faibles. Cette idée, fondatrice de l’éthique (féminine ?) du « care », est centrale dans notre projet.

Non-violence

A l’opposé, rejet absolu de la violence. La plupart des idéologies à problème (virilistes ?) légitiment une forme de violence. La société doit, pour se défendre, développer des techniques de neutralisation de la violence et de la haine qui n’y font pas appel.

Non-essentialisation

Personne ne doit être essentialisé, que ce soit par ethnie, genre, religion, pays, physique, classe… On a tous des idées reçues, et c’est humain, mais l’humour (envers soi-même) doit nous en guérir.

Différences de priorités et de besoins

Les humains ne sont ni identiques, ni figés dans leurs aspirations et modalités. On peut aspirer à une vie équilibrée entre travail et loisir, ou préférer la compétition, ou encore être fragile et réclamer protection. Et ce, au fil de la vie, des âges et des accidents. L’organisation sociale doit être bâtie pour y répondre.

Responsabilité vs. propriété

Redéfinir la propriété comme une responsabilité (entretien, conservation, ou pas) couplée à un droit de jouissance, exclusif à certains moments seulement, et temporaire. Cela concerne aussi bien les objets que les organisations sociales, en particulier dans le cadre de la division du travail.[13]

PRINCIPES POUR SOI-MEME – développement personnel, ma non troppo

  • Stoïcisme : prière de la sérénité[14]
  • On n’est pas sûr de gagner si on s’engage, mais on est sûr de perdre si on ne s’engage pas
  • Ne pas pleurer avant d’avoir mal : préférer le présent à l’excès d’anticipation
  • Usage des hypomnemata : journal personnel dans le monde des idées
  • Equilibre du corps et de l’esprit

DISCOURS (ET ECRITURE)

  • Savoir s’écouter et définir des modalités de débat. Acceptation de la vérité contraire, posture courtoise (nétiquette), rejet de l’insulte et de l’attaque, a fortiori ad hominem.
  • S’interdire les procès d’intention (« cette loi propose ceci… Mais on sait bien que derrière se cache l’idée que cela… »). Ne pas présupposer que l’autre ment.
  • Etre précis, concis[15]. Séparer les théorèmes de leur démonstration. Etre « trouvable » par des moteurs de recherche grâce à l’emploi de termes distinctifs et efficaces. Eviter de se répéter, de tourner en rond. Si quelque chose a déjà été dit, s’y référer sans dupliquer. Toujours se demander ce qu’on apporte de neuf[16].
  • Travailler la textométrie/stylométrie et l’analyse de conversation

(à partir d’ici c’est juste des brouillons, du versioning, et des ébauches perso pour la suite)

08/04/2021 – idée de découpages ternaires/3 tiers (deux c’est trop binaire, les déciles c’est plus pour l’analyse et la recherche)

Exemples : liberté-égalité-fraternité, actionnaires/clients/salariés (en vrai il faut ajouter collectif/état et fournisseurs), compétiteurs/responsables/assistés…

05/06/2021 – Evaluer des idées non sur leur valeur intrinsèque, mais sur leurs performances et leur capacités opératives sur le monde réel. A ce titre, elles doivent venir avec un système d’évaluation des résultats et un « rollback » en cas d’échec.

05/06/2021 – système de reconnaissance et de hashtags pour faciliter l’identification de contributions à des grands sujets de débat/idées (collecte de bibliographie) => petites mains collectrices/classement ? => think tank ??? Nommer des grandes problématiques de réflexion, des systèmes de pensée, etc ??? Bibliographie des WIP.

11/2020 – Améliorations : références, exemples, petites phrases, auto-portrait « chinois » ?

L’objet principal du manifesto c’est d’en faire une sorte de « carte de visite », indépendamment de l’énoncé de l’objectif de mon projet que je vais rédiger par ailleurs[17] (en fait plusieurs sous-projets, qui reliés ensemble constitueront un projet).

L’idée c’est que quand je rencontre un autre chercheur, ou quelqu’un avec qui je pourrais être amené à travailler, qu’il ait idée à qui il ou elle va avoir affaire, et donc d’éviter une discussion trop vague pour se présenter. Il ou elle pourra choisir ce qu’il a envie de développer avec moi – un moyen de contrer mon côté horriblement bavard (que je travaille : SOS Amitié).

Ce manifeste ne donne pas la liste des actions que je veux faire, ni même ma vision politique. C’est plutôt une sorte de plus petit commun dénominateur. Si un point pose problème dans ce texte, je dois soit le réviser, soit comprendre pourquoi l’autre est en difficulté avec ma proposition. Mon idée c’est que pour réaliser un monde pluriel, qui incarne réellement le vivre ensemble, on doit pouvoir partager une base commune, à défaut d’être d’accord sur tout, ce qui est inespérable

Certains points sont volontairement un peu provocateurs, mais au sens de « provocateurs de débat ». Je prévois de rédiger à part et ensuite une sorte de « FAQ » sur les échanges auquel aura donné lieu ce manifesto.

A PLACER ?

Rôle de la liberté ? Serait-il plus juste de dire la non-oppression ? Violence symbolique/domination ?

Eviter de parler « directement » des inégalités ? C’est implicite dans ce que je dis ???

Modalités de la conversation – Se méfier de « l’intuition » ? Danger de la décroissance « forcée » (Philip K Dick)

Rôle du chercheur, de l’ingénieur, de l’entrepreneur ? (métaphore de l’avion)

Modélisation du système politique (idées => application) Risques : bureaucratie, irresponsabilité/paresse

  • Travailler sur le conatus, la pulsion (travailler pour l’argent ou pas) (lien avec la libido ?)
  • Problème de la violence symbolique (oppression des corps ?), obsession française de la domination
  • Liberté, égalité, fraternité. Raison vs. émotions.
  • Démarche « trial and error » de Popper

SUITE DES TRAVAUX – Objectifs de long terme :

  • Réseau social « Facebook pour intellos » : « espace public » favorisant tous les échanges, communications, rencontres valorisant une société basée sur le partage, l’action, bref des valeurs positives mais concrètes.
  • Ce réseau social sera aussi un site de rencontres (au sens large), l’objectif étant que les membres se regroupent par affinités, que ce soit pour débattre, dans le respect mutuel, ou pour construire ensemble des projets, des actions…
  • Contribuer à une meilleure efficacité et à la diffusion des discours sur les valeurs de type social-démocratique (RFA des années 70, taux fiscaux des USA des années 60, suppression des gros héritages), cf. Piketty/Saez/Zucman
  • Valoriser la culture du care, mais dans le souci de maintenir/restaurer le rôle de la responsabilité individuelle
  • Financer thèses à sujets ciblés : métho/sociologie, discours sur les inégalités, fétichisme culturel, division du travail…
  • Valoriser une société décentralisée et ouverte à l’expérimentation/évaluation via des mini-espaces d’exploration
  • Promouvoir mon modèle de société avec 3 « espaces » perméables mais dans une logique de « vivre ensemble » :

1) « cour de récréation » compétitive/capitaliste mais puissamment régulée et fiscalisée,

2) professionnels responsables (modèle des artisans du Moyen-Age) voulant juste « faire leur travail »

3) personnes fragiles, assistanat assumé, long terme (si maladie) ou temporaire

04/2021 – Sur les indécidables : ne pas raisonner « moralement » ni « dans l’absolu », mais uniquement en termes d’impact concret sur des choses vérifiables.

  • D’une manière plus générale, ne pas juger les idées sur leur valeur morale mais sur leur capacité concrète a améliorer les conditions sociales de vie (testabilité/évaluabilité)

02/2021 : idée de livre « OK Boomer » avec mes filles. Idée de série sur des concepts de socio/neurosciences (sur la base d’exemples, type « Mon oncle d’Amérique »)

Ma démarche est la suivante :

– lire un livre par jour (d’où mon audio-robot) car j’ai des millions de choses à apprendre

– repartir des bases : la micro-sociologie de l’observation (actuellement je regarde l’ethnométhodologie et l’analyse de conversation)

– chercher à rencontrer des gens qui sont dans la même démarche

En réponse à Thierry Klein 04/2021 (à replacer ailleurs ?) sur le modèle à 3 espaces (compétiteurs, responsables, fragiles) :

Le vivre ensemble est tout sauf spontané, il y a un travail colossal à faire pour faire tenir l’équilibre. D’où l’importance des outils d’observation et d’évaluation. Si tu prends le concept de conatus spinozien, les conatus de type 1 et 2 sont très différents

Donc mettre les 1 et 2 dans le même espace sans les réguler (et plus encore les 3), ça aboutit aux horreurs que Laborit avait diagnostiqué dans Eloge de la fuite.

Pour Roméo 04/2021 : il y a 4 niveaux de « justice » :

– le simple exercice de la liberté de penser et de donner son avis

– le shitstorm médiatique (que je préfère à lynchage, c’est beaucoup plus proche de la réalité, d’ailleurs dans les années 90 Chirac parlait de « brancher le ventilateur à merde »)

– la vraie justice légale, qui peut te mettre en prison, voire te condamner à mort (dans l’histoire ou ailleurs)

– la justice expéditive, clanique et illégale des milices ou du KKK. Le « vrai » lynchage appartient à cette catégorie. En France on a connu « Honneur de la Police » et l’auto-défense en général.

Les deux premières catégories sont problématiques car, comme d’habitude, il y a un effet de frontière floue entre les deux. Ce sont typiquement les mêmes qui se plaignent de lynchage médiatique mais vont dire qu’ils ne peuvent plus rien dire. Ce qui les gêne, c’est qu’ils voudraient se réserver à EUX le droit de lynchage, et à EUX le droit de dire ce qu’ils veulent, mais l’interdire à ceux d’en face. C’est vrai à gauche comme à droite.

  1.  Le Septième Sceau de Bergman : la partie d’échecs contre le cavalier de la Mort.
  2.  Expérience décrite par Rutger Bregman p.87 de « Humanité. Une histoire optimiste »
  3.  Se référer à l’ethnologie, et en particulier Jared Diamond : bandes, tribus, chefferies et États.
  4.  « Vivre sans » de Frédéric Lordon
  5.  Le « tout se passe comme si » de Pierre Bourdieu
  6.  Freud a démonté les mécanismes de l’hystérie, celle-ci a disparu… et s’est réincarnée sous d’autres formes.
  7.  Delphine Seyrig dans Baisers volés : « Vous me dites que je suis exceptionnelle. Toutes les femmes sont exceptionnelles. »
  8.  Références (à développer) : Montesquieu « Trop petit, un Etat est fragile ; trop grand, il est vulnérable », le fédéralisme allemand. Jared Diamond (dirigeants trop éloignés de la nature et/ou du peuple), Marie-Antoinette de Stefan Zweig (élites corrompues)
  9. Aux USA, il y avait à l’époque de Tocqueville des « juges de paix » (a existé en France => tribunaux d’instance. À la place des quelque deux mille justices de paix on trouve désormais 437 tribunaux d’instance. Cette extension de la taille des ressorts, associée à la professionnalisation du juge et à l’accroissement des compétences dévolues par le législateur, a fait perdre à cette juridiction le caractère de proximité qui avait assuré le succès du bon vieux « juge cantonal ».)
  10.  À ne pas prendre pour un déterminisme, ou alors un déterminisme purement statistique
  11. Ce qui ne dispense en aucun cas d’agir pour que les choses aillent plus vite, j’espère que ça va de soi !
  12.  Retrouver la source ??
  13.  « Vivre sans » de Frédéric Lordon
  14.  « Accordez-moi la force de changer ce qui peut l’être, la sérénité d’accepter ce qui ne peut pas l’être, et l’intelligence de les reconnaître ». J’ajouterais bien : l’art de le faire en équipe et en harmonie avec les autres.
  15. JP Changeux dit « parcimonieux »
  16.  : Ce peut être : le fond (une théorie), la forme (la rendre plus accessible), un outillage (la rendre utilisable)
  17. Ce manifesto ne concerne donc pas directement mon projet mais les piliers sur lesquels je m’appuie pour fonder ma démarche. Une forme de méthodologie. Au passage, il me permet aussi en m’y référant moi-même de m’obliger à être compact (parcimonieux), d’éviter de me répéter (réflexif puisque je le dis dedans !). L’étape suivante est donc que je rédige les fameux énoncés de mes sous-projets

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